lundi 26 juillet 2021

Maximilien Caffarelli du Falga - Le général à la jambe de bois de Bonaparte – Organisateur de la Campagne d'Egypte - Membre de L’Institut de France


Ce portait de jeune guerrier surprend par sa douceur, il ressemble plus à un jeune poète romantique qu’à un guerrier. Par quel détour est-il devenu l’un des généraux les plus aimés de Bonaparte avant qu’il ne devienne Napoléon. Une étude des corrélations entre son visage et sa personnalité nous en livrera peut-être une certaine compréhension.


Pour ceux qui suivent ce blog, vous avez dû remarquer ces profils aérodynamiques qui projettent la face en avant des oreilles. Ils sont en rapport avec le dynamisme moteur, le besoin d’explorer que donne une forte imprégnation de dopamine dans le cerveau. C’est ce neurotransmetteur qui va pousser les hommes et femmes d’action à vouloir toujours se dépasser, progresser, aller plus loin. Chez le Général Caffarelli cette avancée est à la fois dans la zone mandibulaire, respiratoire et frontale. C’est ce qui entraine son tempérament ardent, compétitif, en dépassement perpétuel de lui-même et des autres et sa témérité légendaire.

La projection de la mandibule et sa puissance donne un irrésistible besoin de bouger, de développer un corps de sportif, d’être toujours au maximum de son potentiel physique. Il aime se mesurer aux autres dans une émulation joyeuse, mais aussi d’aller voir si l’herbe n’est pas plus verte plus loin, vers l’inconnu, le nouveau.

La partie médiane du visage avec les pommettes et le nez est aussi très projeté avec peu de recul de contrôle au niveau des sinus maxillaires. Il se livre facilement, spontanément dans un désir joyeux de rencontrer l’autre, le connaître et l’aider avec un esprit chevaleresque. C’est une personnalité ardente et généreuse.

 Le nez, communiquant ses besoins profonds, est magistral. Son avancée puissante suggère un besoin prosélyte de convaincre les autres de ses valeurs idéalistes et généreuses, de les entrainer à suivre son exemple et ses aventures. C’est un nez de meneur d’hommes avec une grande force de conviction. Il faut le suivre et il va vite ! Vous remarquez la bosse sur le nez qui infléchit la forte angularité de ce nez et le fait plonger un peu. On peut faire l’hypothèse d’un adolescent encore plus directif et exalté que celui qui est décrit dans l’histoire des batailles qu’il mena. Par exemple, quand, à la bataille de Salheyeh, pendant la campagne d’Egypte, il chargea sabre au clair, combattant au corps à corps. Sa témérité lui valut une sévère semonce du général en chef, Bonaparte, qui l’appelait Général Max Dufalga. Est-ce que la discipline de l’Ecole Royale et militaire de Sorèze, puis l’Ecole Royale du Génie de Mézières dont il sortit Officier de Génie (l’équivalent aujourd’hui de Polytechnique ou Saint-Cyr), rabattit un peu son ardeur adolescente, marquant ainsi en « encapuchonnement[1] » de son nez ?

Ce qui adoucit un peu son enthousiasme communicatif est la distinction des narines fines et vibrantes, oblongues, associées à une grande sensibilité émotionnelle, subtilement contenue dans son expression. La délicatesse et la douceur pulpeuse de la bouche ainsi que l’élégance des yeux et des sourcils y contribuent aussi. S’il mène ses hommes avec ardeur, ce n’est pas un soudard, mais un homme délicat, attentionné. Certainement un amoureux très tendre, généreux dans son besoin de faire du bien à celle qu’il aime.

De cela, les archives familiales sont muettes, mais tous rapportent qu’il voulait protéger ses hommes et en était proche. Napoléon a dit de lui : « Caffarelli aime la gloire, mais encore plus les hommes[2]. »

La partie haute qui comprend le front et les yeux est tout aussi oblique. Avec les puissantes bosses sourcilières corrélatives à un sens de l’observation de chasseur. Il remarque tous les détails de l’environnement pour les agencer, les améliorer, en tirer parti. On observe la petite dépression au-dessus qui marque un arrêt dans la rapidité de la pensée pour prendre le temps d’élaborer les apports de l’observation et trouver des solutions pratiques aux problèmes. C’est un front d’ingénieur, logico-déductif mais aussi intuitif, par sa pente et sa dilatation. Il « pigeait » instantanément les enjeux d’une situation, trouvaient des solutions innovantes et astucieuses.

Ses yeux sont enfoncés dans l’orbite, avec le creux dans le front ce sont les deux seuls freins dans le visage, qui permettent de réguler l’impétuosité de son caractère. C’est-à-dire que le contrôle de la personnalité se fait par le mental. Sans ces éléments ont pourrait le comparer à un cheval puissant et indompté. Les brides qui peuvent le contenir viennent de la volonté mentale. Il doit en permanence composer entre son tempérament ardent et impulsif et une pensée qui prend le temps de peser les enjeux et de discipliner son impatience.

Le tempérament fut souvent le plus fort[3], il s’élançait dans les batailles au-devant de ses hommes, ce qui lui couta sa jambe[4], pulvérisée par un boulet, pour protéger ses hommes pendant la traversée de la Nahe en 1795. Puis son bras au siège de Saint-Jean d’Acre, ce qui causera sa mort[5] en 1799, il venait d’avoir 43 ans.



Revenons à son visage et à la partie haute de son front, dôme arrondi et oblique aussi, prolongé
par deux « golfes solaires », la pointe des cheveux marquant une dépression[6] crânienne de contrôle là aussi. Cette partie haute du front est en corrélation avec l’imaginaire, l’intuition et les aspirations idéalistes et spirituelles.

Ses aspirations idéalistes furent à l’œuvre avant la Révolution, il écrit en 1988 à Necker : « Il faut que le Roi reconnaisse que le pouvoir législatif réside essentiellement dans le peuple. » Il rédige aux Etats Généraux de Castelnaudary « Une déclaration des Droits de l’Homme » alors que celle-ci n’est pas encore présentée sur le plan national. Il avait déjà, au décès de sa mère renoncé à son droit d’ainesse, ce qui était rarissime dans la noblesse pour s’occuper de ses frères et sœurs, tout en instruisant les enfants des métayers et des voisins[7].

Plus âgé, les blessures nombreuses et les privations assèchent son visage, rendant son contact sans doute plus rugueux, mais les autres éléments de sa personnalité sont intacts

Pendant la campagne d’Egypte son apport fut essentiel, il participa au recrutement des jeunes savants et Bonaparte lui confia la logistique en lui donnant le commandement du génie de son corps expéditionnaire. Il s’agit là d’une marque de confiance et d’estime.

« Durant la traversée de la Méditerranée, Caffarelli navigue à bord de l’Orient aux côtés de Bonaparte et de la commission des savants, participant aux entretiens qui les rassemblent et y trouvant l’occasion d’exposer ses propres idées. Il prend part à la prise de Malte puis à peine débarqué en Égypte, à la marche sur Alexandrie. Au cours de celle-ci, il n’hésite pas à arpenter le désert à pied malgré sa jambe de bois pour ne pas se trouver séparé de l’avant-garde par l’attente d’un cheval. Durant la conquête de la Basse-Égypte, il manifeste une telle témérité au cours des combats qu’une légende court dans l’armée selon laquelle le général en chef a dû l’en punir pour la tempérer. »

« Au Caire, il prend une part prépondérante dans la fondation des différents établissements voulus par Bonaparte : imprimeries française et arabe, laboratoire de chimie, cabinet de physique, observatoire. Il participe en outre à la construction de moulins, à l’amélioration des fours à pain et des approvisionnements en eau, au recensement des monuments antiques, à la mise en place d’écoles pour les mousses survivants de la flotte, établissement qu’il ouvre également à quelques élèves locaux. Bonaparte le nomme par ailleurs membre du conseil des finances, organe doté de très larges attributions. »

« Lorsque l’Institut d’Égypte est créé, Caffarelli en fait naturellement partie. Avec Monge, Berthollet, Geoffroy Saint-Hilaire, Desgenettes, Andréossy et Fourier, ses collègues de l’Institut National de France[8] ».

Buste du Général Maximilien Caffarelli dans la Salle des Illustres au Capitole de Toulouse 


Il avait participé à la belle période de l’aventure de Bonaparte, quand celui-ci était encore un jeune général pétri des idées généreuses de la Révolution qu’il voulait apporter aux peuples.

 Napoléon Bonaparte avait une estime particulière pour lui et disait : « Caffarelli, au moins, n'est pas un idéologue » ajoutant que « c'était un homme de bien, brave soldat, fidèle aussi, bon citoyen ».

Son épitaphe le lendemain de sa mort : « Le lendemain, l’ordre du jour lui rend un hommage appuyé : Le général Caffarelli emporte au tombeau les regrets universels. L’armée perd un de ses plus braves chefs ; l’Égypte un de ses législateurs ; la France un de ses meilleurs citoyens ; les sciences un homme qui y remplissait un rôle célèbre. ».


                                                                                                           
 Copies en plâtre de la sculpture  par Masson rachetée en 1808 par son frère Joseph pour 1500F[7]



                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                       


          








[1] Comme un cheval qui s’encapuchonne, baissant la tête. N’oublions pas que c’était un cavalier.

[2] Archives Familiales : Généalogie Illustrée de la Famille Alquier-Bouffard de 1600 à 1960

[3] Durant la traversée de la Méditerranée, Caffarelli navigue à bord de l’Orient aux côtés de Bonaparte et de la commission des savants, participant aux entretiens qui les rassemblent et y trouvant l’occasion d’exposer ses propres idées. Il prend part à la prise de Malte puis à peine débarqué en Égypte, à la marche sur Alexandrie. Au cours de celle-ci, il n’hésite pas à arpenter le désert à pied malgré sa jambe de bois pour ne pas se trouver séparé de l’avant-garde par l’attente d’un cheval. Durant la conquête de la Basse-Égypte, il manifeste une telle témérité au cours des combats qu’une légende court dans l’armée selon laquelle le général en chef a dû l’en punir pour la tempérer. https://www.napoleon-empire.net/personnages/caffarelli-maximilien.php

[4] « Il y rencontre Jean-Baptiste Kléber, aux côtés duquel il est l’un des premiers à passer le Rhin dans la nuit du 5 au 6 septembre 1795. Les deux hommes se lient durant cette campagne d’une amitié qui ne se démentira pas. Les opérations, cependant, ne tournent pas à l’avantage des troupes françaises et celles-ci repassent le Rhin au mois de décembre. Le 6, en protégeant la traversée de la Nahe (un affluent situé sur la rive gauche du fleuve) par une unité de l’armée de Sambre-et-Meuse en pleine retraite, Caffarelli est blessé par un boulet de canon qui lui fracasse la jambe gauche ». Idem

[5] . À Saint-Jean d’Acre, il dirige les travaux du siège sans souci de sa sécurité personnelle, malgré les mises en garde de Bonaparte et de ses amis. Une balle lui fracasse le coude droit, une nuit qu’il s’est avancé trop près des lignes ennemies. Il meurt le 27 avril. Idem

[6] En fait le « front » se termine beaucoup plus haut que la ligne des cheveux au niveau de la suture coronale, la fontanelle du bébé. On voit sur cette photo, la dépression sur laquelle les cheveux poussent mieux. Ils s’éclaircissent sur les surfaces rondes, dilatées.

[7] Archives Familiales : Généalogie Illustrée de la Famille Alquier-Bouffard de 1600 à 1960. Je remercie mes cousins Sylvie de Conte et Eric Alquier-Bouffard pour ces précisions :" J'ai trouvé dans la correspondance et les cahiers de compte de cette époque que les bustes en plâtre de Max Caffarelli qui sont à Lavelanet et Sorèze avaient été faites ou par Madame Masson à Paris en 1808 et auraient coûté 1550 francs à Joseph Caffarelli. Il est probable que le buste d'Auguste Caffarelli qui est à Lavelanet est de la même époque et provenance." Il existe un buste noir (face) et un blanc (profil). Les deux frères de Max, Joseph et Auguste eurent vie toute aussi incroyable et glorieuse que lui. Les cinq frère Caffarelli furent éduqués au Collège de Sorèze dont l'hymne rappelle que "Bonaparte a trouvé dans Sorèze vingt  généraux et cinq Caffarelli, quatre d'entre eux, Maximilien, Joseph, Auguste et Charles ont leur buste dans la galerie de l'Ecole, le cinquième Philippe fut fusillé après l'échec de l'expédition de Quiberon )

[8] Napoléon & Empire Maximilien Caffarelli (1756-1799)

 


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