Ben Laden
Ben Laden (Jeune Afrique L’Intelligent n°2134, déc. 2001)
vendredi 21 décembre 2001
lundi 1 janvier 2001
Visage de conquérantes : l'exemple d'Annette Roux
par Louis Corman et Carleen Binet
Madame Annette Roux est P.D.G. de l'entreprise Bénéteau, de construction de bateaux de plaisance, entreprise dont, par son dynamisme, elle a fait la première entreprise mondiale.
Le visage d'Annette Roux frappe dès le premier regard par des traits bien particuliers qui, pour un morphopsychologue, indiquent une personnalité originale en plus d'un point.
Le premier de ces traits (qui ne peut manquer d'être sensible à un observateur même ignorant de morphopsychologie) est le contraste saisissant entre un cadre de visage massif et des récepteurs sensoriels (bouche, nez, yeux) d'une grande finesse.
De ce cadre se déduit une vitalité puissante, aspirant à se réaliser dans des actions d'une grande vigueur, avec une volonté farouche de parvenir à ses buts par tous les moyens. Mais la finesse des récepteurs indique que cette force, massive à son origine, se plie à des choix, se civilise, s'adapte aux conditions humaines où elle doit s'exercer, ce qui peut aller jusqu'à une grande délicatesse dans les sentiments et les relations avec autrui.
On peut se demander comment ces deux manières d'être opposées se concilient dans la pratique. Nous pensons que la délicatesse dans les rapports sociaux, appuyée par un dessein volontaire de courtoisie, sert à une première approche des problèmes, puisque les récepteurs sensoriels constituent la zone des échanges, celle qui entre en jeu d'abord dans une relation, qu'elle soit commerciale ou familière. Mais cependant, cela n'entrave en rien la volonté profonde, celle qui émane du cadre, qui n'est pas du tout déviée des buts fixés au départ. On pourrait dire, plus brièvement, qu'Annette Roux, dans son premier mouvement, cherche à séduire, mais que son intention profonde est de conquérir (fig. 1 et 2).
Il est une autre interprétation de ce contraste entre le grand et le petit visages. C'est que tout se passe comme si la puissante vitalité du cadre, pareille à la puissance d'une source au flux abondant, était contrainte, par l'étroitesse des récepteurs, à son émergence au plan de l'action, de se canaliser dans une voie étroite. On sait qu'en pareil cas, la puissance du flux s'en trouve accrue et donne à l'impact momentané une force de pénétration particulièrement intense.
Ce que nous venons de dire concerne la vie extérieure, celle des réalisations. Mais il faut aussi considérer que le contraste entre le grand et le petit visages n'est pas sans pouvoir engendrer des conflits intérieurs, de par le fait que le sujet est alors tiraillé entre la volonté de parvenir au but "à la force du poignet", et le désir de ménager la sensibilité des autres. Le problème est ici de savoir si ce conflit intérieur est ou non résolu par une conciliation entre les deux tendances.
Nous pouvons présumer que oui, en considérant que le visage d'Annette Roux est un visage "qui se tient", qui manifeste tant dans sa structure que dans son expression mimique un excellent équilibre.
Le second trait à noter dans ce visage est sa remarquable tonicité. On sait que les visages courts, lorsqu'ils ont de surcroît un modelé ferme, indiquent une grande capacité d'action réalisatrice. C'est le cas d'Annette Roux, qui est dotée d'une très grande énergie active, qui est mue par un besoin impérieux d'agir, de réaliser ses desseins. Nous notons en outre que cette tonicité du modelé se double de traits qui sont la signature d'un tempérament passionné. D'une part, les contours du visage sont faits de saillies et de creux, constituant un modelé que la morphopsychologie dénomme "rétracté-bossué" et qu'elle considère comme caractéristique d'un flux vital intense. D'autre part, et ceci se voit surtout sur le profil, toutes les lignes sont inclinées : le nez fait saillie, les oreilles sont très obliques, le front s'incline en arrière, et la même obliquité se retrouve dans les yeux et les sourcils ; cela indique une grande combativité, l'ardeur impétueuse d'un arc constamment tendu pour lancer la flèche vers le but, ce que les tenants de la méthode dite "planétaire" disent être caractéristique du Type Mars, le dieu de la guerre. Fait rare chez une femme, il n'y a dans ce visage aucun signe d'atonie, même discret, et cela nous indique que la passion pousse constamment Annette Roux en avant, sans que jamais se manifeste un désir de retour en arrière, fût-il momentané. Elle est de ceux qui pensent qu'on doit toujours progresser, aller plus loin, que, dans toute entreprise, le statu quo, le seul maintien des positions déjà acquises est dangereux, en tant qu'il comporte fatalement le risque d'un déclin proche.
Le troisième trait marquant est la dominante de l'étage affectif, signalée en premier lieu par la grande largeur et la puissance des pommettes, qui indiquent de grandes exigences affectives. En second lieu, cette dominante se marque dans la structure du nez : non pas que celui-ci soit grand ; il est au contraire plutôt petit, mais il se projette nettement en avant, faisant saillie sur le profil, et si sa racine est plutôt étroite, en revanche sa base est large, avec des narines très ouvertes et des ailes vibrantes, tous signes qui révèlent une vitalité affective intense, une grande promptitude à réagir aux impressions affectives. Le dos du nez, de surcroît, est droit, bien que sous certaines incidences, il puisse paraître très légèrement aquilin ; mais, de toute façons, sa plongée en avant, pleine de hardiesse, indique qu'il y a à ce niveau peu de frein à l'impétuosité naturelle.
Le quatrième trait est la puissance terrienne de la mandibule, aux angles massifs, avec toutefois une tendance à l'amenuisement du menton, lequel, s'ajoutant à la finesse des lèvres, nous ramène au contraste initial cadre-récepteurs. Nous pourrions presque parler d'une "mâchoire de condottière", signe d'une forte composante virile dans ce visage féminin, se traduisant par la grande fougue combattive déjà soulignée plus haut. Tous les instincts, chez Annette Roux, sont forts, mais il convient de remarquer que, lorsque le modelé de cette zone est très tonique, et que de surcroît les lèvres sont fines, l'instinct de jouissance cède la place à l'instinct de réalisation, à l'ambition d'un but.
Quand une personne est nantie d'une mâchoire aussi ambitieuse, le problème se pose alors de savoir si elle possède les capacités de son ambition, ou si cette ambition risque d'œuvrer à vide parce que non appuyée par les aptitudes qu'indique la structure d'ensemble du visage. Bien entendu, nous savons, par les réalisations effectives de la P.D.G. de l'entreprise Bénéteau, qu'Annette Roux a bien les capacités de son ambition. Mais l'étude morphologique nous en apporte une preuve supplémentaire, en même temps qu'elle nous explique par quelle voie cette ambition opère. Il nous faut pour cela examiner la structure de l'étage cérébral. Il est moins développé que les deux autres étages. Le front est-de dimensions moyennes. De face, il n'est pas très large, étant nettement limité par le méplat des tempes, ce qui indique une tendance à la spécialisation de la pensée. De profil, il est nettement incliné, à partir de la sailie des bosses sourcilières, qui sont fortes pour une femme, indiquant un mode de pensée de type terrien.(comme la mandibule), donc attaché aux objets matériels et particulièrement apte à l'observation concrète des faits. Au-dessus de ces bosses, le front à des contours vigoureux marqués de méplats, qui indiquent une pensée active, toujours orientée vers des réalisations immédiates. Ce n'est pas un front d'intellectuelle, de personne intéressée par les études livresques ; elle est peu ouverte à une grande étendue de savoir. Sa structure indique une pensée primesautière, un don de perception rapide et d'improvisation, bien plus que de calcul et de réflexion approfondie. D'ailleurs, la forte prédominance instinctive-affective nous révèle que la pensée est sous la dépendance des motivations affectives et de l'ambition de réalisation. Elle n'est donc pas autonome ; mais cependant la partie haute du front, échappant à l'étau des tempes, amorce un arrondi et s'évase, de sorte qu'on ne saurait refuser à cette hyperactive une certaine possibilité imaginative; est-ce dans le domaine de sa réalisation majeure, de son activité industrielle ou bien hors de ce domaine? Il est difficile de le dire, mais le fait que les cheveux cernent de très près cette zone imaginative, l'empêchant de se déployer librement, nous paraît indiquer qu'Annette Roux est toujours ramenée au plan de l'action par une sorte de contrainte intérieure qui lui interdit le rêve, le farniente, ce qui va bien entendu dans le même sens que toutes les puissances d'action déjà signalées.
Le dynamisme de la pensée, le jaillissement spontané des improvisations, la promptitude des décisions pourraient être ici un obstacle à un programme d'action organisée. Annette Roux en est consciente, et nous notons qu'une certaine capacité de réflexion, de concentration existent cependant chez elle, notamment dans la structure abritée des yeux (en conflit avec la structure du front), et dans la ride verticale de concentration qui se dessine entre les deux sourcils, indiquant qu'il est parfois fait appel à un effort volontaire pour corriger la fougue naturelle, effort encore appuyée par la forte contraction des paupières, cernant l'œil de très près et lui conférant cette acuité percutante, qui est un des traits marquants de la personnalité d'Annette Roux.
Quand on étudie la personnalité d'un homme ou d'une femme de valeur, remarquable par son efficacité, on a coutume de ne souligner que les aptitudes marquantes, les points forts, et de passer sous silence les points faibles. Mais c'est à tort, car la morphopsychologie nous enseigne que la force d'une personnalité est le plus souvent le résultat de puissants antagonismes. ainsi, chez Annette Roux, la puissante vitalité et le dynamisme qui fournit l'élan en avant, la possibilité de faire face aux à-coups, a pour rançon, de par la rapidité même de l'improvisation, une certaine difficulté à se concentrer, à faire des plans à l'avance, à s'organiser méthodiquement. Cette même vitalité se traduit sur le plan affectif par une puissante motivation affective à l'action et une grande capacité d'entraînement pour les collaborateurs de l'entreprise, ce qui entraîne une tension conti,nue dans l'effort, puissant facteur d'efficacité, à coup sûr, mais en même temps risque de surmenage, appelant en compensation un besoin impérieux de détente.
Il faut aussi souligner l'exigence pragmatique de l'intelligence, toute entière tournée vers les réalisations concrètes, moins apte en revanche aux efforts de pensée soutenus, et l'on peut ici se demander si la tension constante de la direction des affaires ne doit pas trouver chez Annette Roux sa compensation dans une activité manuelle pratique, la structure de son visage indiquant des dons d'adresse manuelle qui peuvent beaucoup, par leur emploi, contribuer à équilibrer la personnalité.
En conclusion, on voit par notre étude que le grand intérêt de la science morphopsychologique est de saisir à leur source les tendances profondes qui dirigent le destin d'un être. Et dès que l'on a affaire à une personnalité marquante, comme dans le cas d'Annette Roux, on constate que la réalisation d'une oeuvre d'importance est en général le fait de puissants antagonismes intérieurs. Dans ce sens, on a souvent souligné que les hommes de valeur ont dans leur personnalité une composante féminine, laquelle leur apporte des capacités qu'ils n'auraient pas sans cela. De même, il est manifeste que, chez une femme, une composante masculine, bien loin de constituer un handicap, représente, en s'ajoutant aux qualités proprement féminines, un appoint de dynamisme réalisateur qui peut être précieux. Mais c'est à la condition que ces tendances antagonistes ne provoquent pas dans la personnalité un déséquilibre, donc qu'elles soient intégrées, comme nous l'avons vu chez Annette Roux, dans un ensemble qui se tient, par la vertu d'un mystérieux ciment intérieur.
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