La semaine dernière je suivais les informations d’un œil distrait. Rolland Garros, des femmes qui courent sur un court de tennis. Je prends un uppercut en apercevant une magnifique femme puissante qui se bat comme une lionne, sans retenue. J’entends ʺTunisienneʺ, sans comprendre son nom. Or je pars pour Tunis la semaine prochaine animer un séminaire pour des chefs d’entreprise qui ont pris Didon, la reine carthaginoise, pour nom de leur Club. Qui est cette jeune tunisienne ? C’est Ons Jabeur, huitième tenniswoman mondiale !
Je cherche des photos sur la toile. Les journalistes prennent surtout des photos très expressives pour faire un scoop, et cela est de peu de secours pour la morphopsychologue qui cherche des repères anatomiques pour construire un portrait qui rende compte de la personnalité étudiée.
Heureusement, le photographe qui fait le reportage photo, quand elle est nommée ambassadrice de Qatar Airways, sait prendre des photos nettes (c’est vrai que c’est plus facile quand elle pose que quand elle court !), et grâce à lui, j’ai une ʺpresque faceʺ où elle ne sourit pas. Les flous quand elle coure feront l’affaire pour repérer son aérodynamisme impressionnant. Quelques caractéristiques morphologiques : la puissance de l’ossature toute en expansion qui se corrèle avec un tempérament robuste, dur à la fatigue et au mal. Elle a dû en passer des heures de travail et d’entrainement acharné pour développer et entretenir une telle énergie. Cela n’arrive pas si l’on n’a pas de sacrées revanches à prendre, une volonté acharnée de prouver sa valeur en serrant les dents pendant des années. Cela va développer les masséters qui élargiront et renforceront la mandibule[1]. Cet effort permanent, depuis son enfance, pour se contraindre au lieu de s’amuser, a affiné la bouche en parallèle avec le développement de sa ténacité. Nous avons déjà une idée d’où elle tire son énergie et sa
volonté, si nous y ajoutons son aérodynamisme important, nous avons en plus la compétitrice, celle qui veut être la première, avoir une encolure d’avance, et qui va mettre toutes ses ressources pour y arriver. Nous sommes dans des domaines très instinctifs de sa nature. Ons est évidemment beaucoup plus complexe.
Deux éléments attirent mon attention, d’abord celui de l’équilibre entre les trois « étages » de son visage. Nous avons déjà vu l’expansion de son étage mandibulaire et sa projection vigoureuse responsable du niveau de réalisation physique, du faire, du besoin de s’affirmer et de vaincre.
L’étage médian avec des pommettes larges et le nez bien équilibré
reposant sur des sinus maxillaires protubérants est celui d’une femme généreuse, aimant aider les autres et aussi les entrainer à sa suite. Elle a de capacités de leadership qui lui permettront une reconversion dans le management des équipes, quelles soient sportives ou entrepreneuriales. Elle donnera certainement de son énergie, de sa combativité et de sa générosité dans des organisations d’aide où elle trouvera le sens à donner à ses talents volontaires et humains.
Le deuxième élément remarquable est la concentration en finesse de ses yeux, de ses narines et du dessin de sa bouche qui sont les communicateurs conscients de son tempérament inconscient. C'est à dire que Ons se sent beaucoup plus sensible qu’elle peut le paraitre. La puissance apparente de son gabarit n’est pas ce qu’elle ressent. Il y a de la finesse et de la délicatesse, un besoin de beauté dans ce qui l’entoure et sur elle-même. C’est une vraie contradiction à résoudre. Elle se ressent comme fine, délicate et sensible, alors qu’on peut la croire puissante et invulnérable. Elle a dû surjouer la bagarreuse pour impressionner ses adversaires, mais ceux qui la connaissent bien doivent savoir sa sensibilité fine et comment elle peut être susceptible et blessée quant on l’attaque ou ne la respecte pas.
Le
grand front est aussi en expansion signant, avec les autres éléments en
dilatation du visage, une intelligence avide de comprendre et d’accumuler des
connaissances dans des domaines très variés.
Les yeux plus enfoncés et légèrement rapprochés viennent apporter du contrôle dans ce qui pourrait être
de l’éparpillement. Elle a appris à trier ce qui lui était utile, à se concentrer. Il ne faudrait pas que ce sérieux lui diminue ses capacités intuitives en voulant les contrôler. La ride de concentration que l’on voit s’esquisser chez cette très jeune femme en est le signe. Le désir de faire plaisir, sans doute à ses entraineurs et éducateurs en se concentrant en se focalisant sur les consignes à exécuter pourraient la priver d’un atout essentiel pour gagner, la stratégie ! C’est-à-dire que, si elle se permet de ʺvoirʺ le coup génial, non par déduction mais par ʺvistaʺ intuitive, elle peut totalement surprendre son adversaire en repérant l’ouverture inattendue. Il n’y a pas que l’obéissance aux règles, aux consignes qui fait gagner, il faut aussi savoir innover, garder le plaisir du jeu pour surprendre son adversaire.
La
discipline qu’on lui a imposée est intégrée, elle doit maintenant aussi arrêter
de vouloir tout contrôler et savoir se laisser aller, laisser son intuition lui
souffler du génie.
Dans
sa vie privée, c’est encore plus important si elle veut s’y régénérer et
oublier la bagarreuse qui n’a rien à y faire. Savoir lâcher prise pour se sentir
vivre et faire exister les autres parties de sa personnalité qui ne peuvent
s’exprimer sur un court.
Je
ne peux m’empêcher de comparer cette reine sportive à Didon[2], la reine de Carthage qui
se suicida pour avoir été abandonnée par Enée, dont elle s’était éprise.
Imaginez que Didon ait eu les traits de Ons ? L’histoire, si elle est
vraie, aurait été fort différente. D’abord, sa vigilance n’aurait sans doute
pas été prise en défaut. On ne reste pas au pouvoir si l’on n’a pas de solides
réseaux d’informateurs.
Certes, elle aurait été dévastée par le projet d’Enée de l’abandonner, son affectivité très tendre en aurait beaucoup souffert, parce qu’elle n’a pas des défenses très solides à ce niveau. En revanche, son intelligence, son besoin de prouver sa valeur et son tempérament guerrier et fier aurait vite fait de le rattraper pour lui apprendre le respect et les lois de l’hospitalité.
Qui
raconte cette histoire ? Un homme, le poète romain, Virgile, pas un
farouche carthaginois. Tu n’as pas dû te laisser faire Alashiyya[3] !
[1] Comme la rééducation d’une jambe cassée et immobilisée pendant un mois va
recalcifier les os affinés par le manque d’exercice. En se remusclant, la jambe
mobilisée va récupérer.
[2] À propos du sens de Didon, Servius, commentateur de
Virgile, suppose que Deidô-Didon signifierait « celle
qui agit virilement », « femme
courageuse ».
[3] Sans doute le
nom original de Didon
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