Ce portait de jeune guerrier surprend par sa douceur, il ressemble plus à un jeune poète romantique qu’à un guerrier. Par quel détour est-il devenu l’un des généraux les plus aimés de Bonaparte avant qu’il ne devienne Napoléon. Une étude des corrélations entre son visage et sa personnalité nous en livrera peut-être une certaine compréhension.
La
projection de la mandibule et sa puissance donne un irrésistible besoin de
bouger, de développer un corps de sportif, d’être toujours au maximum de son
potentiel physique. Il aime se mesurer aux autres dans une émulation joyeuse,
mais aussi d’aller voir si l’herbe n’est pas plus verte plus loin, vers
l’inconnu, le nouveau.
La
partie médiane du visage avec les pommettes et le nez est aussi très projeté
avec peu de recul de contrôle au niveau des sinus maxillaires. Il se livre
facilement, spontanément dans un désir joyeux de rencontrer l’autre, le connaître
et l’aider avec un esprit chevaleresque. C’est une personnalité ardente et
généreuse.
Le nez, communiquant ses besoins profonds, est
magistral. Son avancée puissante suggère un besoin prosélyte de convaincre les
autres de ses valeurs idéalistes et généreuses, de les entrainer à suivre son
exemple et ses aventures. C’est un nez de meneur d’hommes avec une grande force
de conviction. Il faut le suivre et il va vite ! Vous remarquez la bosse
sur le nez qui infléchit la forte angularité de ce nez et le fait plonger un
peu. On peut faire l’hypothèse d’un adolescent encore plus directif et exalté
que celui qui est décrit dans l’histoire des batailles qu’il mena. Par exemple,
quand, à la bataille de Salheyeh, pendant la campagne d’Egypte, il chargea sabre au clair, combattant au
corps à corps. Sa témérité lui valut une sévère semonce du général en chef,
Bonaparte, qui l’appelait Général Max Dufalga. Est-ce que la discipline
de l’Ecole Royale et militaire de Sorèze, puis l’Ecole Royale du Génie de
Mézières dont il sortit Officier de Génie (l’équivalent aujourd’hui de Polytechnique
ou Saint-Cyr), rabattit un peu son ardeur adolescente, marquant ainsi en
« encapuchonnement[1] » de son nez ?
Ce
qui adoucit un peu son enthousiasme communicatif est la distinction des narines
fines et vibrantes, oblongues, associées à une grande sensibilité émotionnelle,
subtilement contenue dans son expression. La délicatesse et la douceur pulpeuse
de la bouche ainsi que l’élégance des yeux et des sourcils y contribuent aussi.
S’il mène ses hommes avec ardeur, ce n’est pas un soudard, mais un homme
délicat, attentionné. Certainement un amoureux très tendre, généreux dans son
besoin de faire du bien à celle qu’il aime.
De
cela, les archives familiales sont muettes, mais tous rapportent qu’il voulait
protéger ses hommes et en était proche. Napoléon a dit de lui : « Caffarelli
aime la gloire, mais encore plus les hommes[2]. »
La
partie haute qui comprend le front et les yeux est tout aussi oblique. Avec les
puissantes bosses sourcilières corrélatives à un sens de l’observation de
chasseur. Il remarque tous les détails de l’environnement pour les agencer, les
améliorer, en tirer parti. On observe la petite dépression au-dessus qui marque
un arrêt dans la rapidité de la pensée pour prendre le temps d’élaborer les
apports de l’observation et trouver des solutions pratiques aux problèmes. C’est
un front d’ingénieur, logico-déductif mais aussi intuitif, par sa pente et sa
dilatation. Il « pigeait » instantanément les enjeux d’une situation,
trouvaient des solutions innovantes et astucieuses.
Le
tempérament fut souvent le plus fort[3], il s’élançait dans les
batailles au-devant de ses hommes, ce qui lui couta sa jambe[4], pulvérisée par un boulet,
pour protéger ses hommes pendant la traversée de la Nahe en 1795. Puis son bras
au siège de Saint-Jean d’Acre, ce qui causera sa mort[5] en 1799, il venait d’avoir
43 ans.
Ses
aspirations idéalistes furent à l’œuvre avant la Révolution, il écrit en 1988 à
Necker : « Il faut que le Roi reconnaisse que le pouvoir législatif
réside essentiellement dans le peuple. » Il rédige aux Etats Généraux de
Castelnaudary « Une déclaration des Droits de l’Homme » alors que
celle-ci n’est pas encore présentée sur le plan national. Il avait déjà, au
décès de sa mère renoncé à son droit d’ainesse, ce qui était rarissime dans la
noblesse pour s’occuper de ses frères et sœurs, tout en instruisant les enfants
des métayers et des voisins[7].
Plus
âgé, les blessures nombreuses et les privations assèchent son visage, rendant
son contact sans doute plus rugueux, mais les autres éléments de sa
personnalité sont intacts
Pendant la campagne d’Egypte son apport fut
essentiel, il participa au recrutement des jeunes savants et Bonaparte lui
confia la logistique en lui donnant le commandement du génie de son corps
expéditionnaire. Il s’agit là d’une marque de confiance et d’estime.
« Durant
la traversée de la Méditerranée, Caffarelli navigue à bord de l’Orient aux
côtés de Bonaparte et de la commission des savants, participant aux entretiens
qui les rassemblent et y trouvant l’occasion d’exposer ses propres idées. Il
prend part à la prise de Malte puis à peine débarqué en Égypte, à la marche sur
Alexandrie. Au cours de celle-ci, il n’hésite pas à arpenter le désert à pied
malgré sa jambe de bois pour ne pas se trouver séparé de l’avant-garde par
l’attente d’un cheval. Durant la conquête de la Basse-Égypte, il manifeste une
telle témérité au cours des combats qu’une légende court dans l’armée selon
laquelle le général en chef a dû l’en punir pour la tempérer. »
« Au
Caire, il prend une part prépondérante dans la fondation des différents
établissements voulus par Bonaparte : imprimeries française et arabe,
laboratoire de chimie, cabinet de physique, observatoire. Il participe en outre
à la construction de moulins, à l’amélioration des fours à pain et des
approvisionnements en eau, au recensement des monuments antiques, à la mise en
place d’écoles pour les mousses survivants de la flotte, établissement qu’il
ouvre également à quelques élèves locaux. Bonaparte le nomme par ailleurs
membre du conseil des finances, organe doté de très larges attributions. »
« Lorsque
l’Institut d’Égypte est créé, Caffarelli en fait naturellement partie. Avec Monge, Berthollet, Geoffroy Saint-Hilaire, Desgenettes, Andréossy et Fourier, ses
collègues de l’Institut National de France[8] ».
Buste du Général Maximilien Caffarelli dans la Salle des Illustres au Capitole de Toulouse
Il
avait participé à la belle période de l’aventure de Bonaparte, quand celui-ci
était encore un jeune général pétri des idées généreuses de la Révolution qu’il
voulait apporter aux peuples.
Napoléon Bonaparte avait une estime
particulière pour lui et disait : « Caffarelli, au moins, n'est pas
un idéologue » ajoutant que « c'était un homme de bien, brave soldat,
fidèle aussi, bon citoyen ».
Son
épitaphe le lendemain de sa mort : « Le
lendemain, l’ordre du jour lui rend un hommage appuyé : Le
général Caffarelli emporte au tombeau les regrets universels. L’armée perd un
de ses plus braves chefs ; l’Égypte un de ses législateurs ; la
France un de ses meilleurs citoyens ; les sciences un homme qui y
remplissait un rôle célèbre. ».
Copies en plâtre de la sculpture par Masson rachetée en 1808 par son frère Joseph pour 1500F[7]
[1] Comme un cheval qui s’encapuchonne, baissant la tête.
N’oublions pas que c’était un cavalier.
[2] Archives Familiales : Généalogie Illustrée de la Famille
Alquier-Bouffard de 1600 à 1960
[3] Durant
la traversée de la Méditerranée, Caffarelli navigue à bord de l’Orient aux
côtés de Bonaparte et de la commission des savants, participant aux entretiens
qui les rassemblent et y trouvant l’occasion d’exposer ses propres idées. Il
prend part à la prise de Malte puis à peine débarqué en Égypte, à la marche sur
Alexandrie. Au cours de celle-ci, il n’hésite pas à arpenter le désert à pied
malgré sa jambe de bois pour ne pas se trouver séparé de l’avant-garde par
l’attente d’un cheval. Durant la conquête de la Basse-Égypte, il manifeste une
telle témérité au cours des combats qu’une légende court dans l’armée selon
laquelle le général en chef a dû l’en punir pour la tempérer. https://www.napoleon-empire.net/personnages/caffarelli-maximilien.php
[4] « Il y rencontre Jean-Baptiste Kléber, aux côtés duquel il
est l’un des premiers à passer le Rhin dans la nuit du 5 au 6 septembre
1795. Les deux hommes se lient durant cette campagne d’une amitié qui ne se
démentira pas. Les opérations, cependant, ne tournent pas à l’avantage des
troupes françaises et celles-ci repassent le Rhin au mois de décembre. Le 6, en
protégeant la traversée de la Nahe (un affluent situé sur la rive gauche du
fleuve) par une unité de l’armée de Sambre-et-Meuse en pleine retraite,
Caffarelli est blessé par un boulet de canon qui lui fracasse la jambe
gauche ». Idem
[5] . À Saint-Jean d’Acre,
il dirige les travaux du siège sans souci de sa sécurité personnelle, malgré
les mises en garde de Bonaparte et de ses amis. Une balle lui fracasse le coude
droit, une nuit qu’il s’est avancé trop près des lignes ennemies. Il meurt
le 27 avril. Idem
[6] En fait le « front » se termine beaucoup plus
haut que la ligne des cheveux au niveau de la suture coronale, la fontanelle du
bébé. On voit sur cette photo, la dépression sur laquelle les cheveux poussent
mieux. Ils s’éclaircissent sur les surfaces rondes, dilatées.
[7] Archives Familiales : Généalogie Illustrée de la Famille Alquier-Bouffard de 1600 à 1960. Je remercie mes cousins Sylvie de Conte et Eric Alquier-Bouffard pour ces précisions :" J'ai trouvé dans la correspondance et les cahiers de compte de cette époque que les bustes en plâtre de Max Caffarelli qui sont à Lavelanet et Sorèze avaient été faites ou par Madame Masson à Paris en 1808 et auraient coûté 1550 francs à Joseph Caffarelli. Il est probable que le buste d'Auguste Caffarelli qui est à Lavelanet est de la même époque et provenance." Il existe un buste noir (face) et un blanc (profil). Les deux frères de Max, Joseph et Auguste eurent vie toute aussi incroyable et glorieuse que lui. Les cinq frère Caffarelli furent éduqués au Collège de Sorèze dont l'hymne rappelle que "Bonaparte a trouvé dans Sorèze vingt généraux et cinq Caffarelli, quatre d'entre eux, Maximilien, Joseph, Auguste et Charles ont leur buste dans la galerie de l'Ecole, le cinquième Philippe fut fusillé après l'échec de l'expédition de Quiberon )
[8] Napoléon & Empire Maximilien Caffarelli (1756-1799)